mercredi 24 février 2010

Grey Gardens

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Grey Gardens

Hier, et en partie aujourd’hui puisque c’était la nuit, j’ai pris mon courage à demain et ai regardé la télé à des heures d’insomniaque sous prétexte de film intéressant.
J’ai donc vu Grey Gardens, le documentaire de 1975, puis le téléfilm de 2009 qui a tout de même gagné 2 Golden Globes (meilleur téléfilm et meilleure actrice dans un téléfilm pour Drew Barrymore).
Mais d’abord, qu’est-ce que Grey Gardens ? C’est le nom d’une propriété dans East Hampton, sur Long Island. A partir de 1923 et pendant plus de cinquante ans, la maison de 28 pièces fut habitée par Edith Bouvier Beale, la tante de Jackie Kennedy, et sa fille Edith. Mais là où l’histoire devient intéressante c’est que dans les années’70, lorsque les frères Maysles décident de tourner un documentaire sur elles, elles vivent recluses dans cette demeure insalubre sans chauffage ou eau courante, sale, malodorante et envahie par les chats et les ratons laveurs dont 25 pièces ne sont même plus utilisées. C’est grâce à Jackie Kennedy et sa sœur qui fournissent l’argent nécessaire à la remise en état de la maison qu’elles n’en seront pas expulsées.
Si le documentaire apporte une approche intéressante des deux femmes en présentant leurs désillusions par rapport à un passé bien plus fastueux (les gros plans sur les photos ou peintures des deux femmes lorsqu’elles étaient bien plus jeunes parlent d’eux-mêmes), le film remplit bien le rôle qu’il se propose, c’est-à-dire d’éclairer ce documentaire avec une sorte de biopic qui joue sur les flashbacks, le côté « coulisses du tournage » et références nombreuses au documentaire (qu’il est utile d’avoir vu juste avant). La femme recluse, coupée du monde, excentrique, plongée dans le passé, qui vit dans une demeure anciennement belle mais à présent totalement négligée qui tombe en ruine, c’est un thème assez courant en littérature (Dickens, Garcia Marquez, Virgin Suicides) et ça a toujours quelque chose d’un peu glauque. C’est peut-être pourquoi en regardant ce documentaire et le film qui l’accompagne, notre cœur se serre à la vue de ces femmes qui se sont en quelque sorte perdues dans les méandres de la vie. On comprend que la mère n’aurait pu vivre ailleurs et que son attachement à la propriété lui était aussi puissant que fatal et on la plaint moins parce qu’elle a eu la chance d’avoir pu vivre une vie entière, heureuse avant la laisser échapper. Mais la fille est sans doute le personnage le plus triste de l’histoire, son attachement à sa mère la retient prisonnière et elle n’a jamais pu connaître le bonheur auquel elle aspirait. Sa vie a filé entre ses doigt, sous ses yeux, lorsqu’elle est revenue à Grey Gardens pour prendre soin de sa mère. C’en est presque déchirant et même si l’amour maternel et filial a une grande part dans le film comme dans le documentaire, on ne peut s’empêcher de voir en elle une femme déçue par la vie. Mère et fille sont excentriques mais Little Edie semble surtout asservie par la réclusion de sa mère, une grande rêveuse qui dépérirait sans son soutien.
Pour ce qui est du film, je crois que, même si je ne connais pas extrêmement bien cette actrice, c’est le meilleur rôle dans lequel j’ai vu Drew Barrymore jusqu’à présent. Elle est tout simplement bluffante, le rôle lui colle à la peau. Elle parvient très bien à retranscrire les émotions, les sentiments de « Little Edie », on retrouve tout à fait la femme du documentaire qui voudrait s’échapper, en finir avec son isolement qui dure depuis plus de vingt ans mais ne peut abandonner sa mère. Jessica Lang n’est pas en reste non plus bien sûr, mais voir Drew Barrymore dans ce genre de production a été surtout une très bonne surprise. La partie qui se déroule durant l'isolement des deux femmes est sans doute la plus intéressante, et la plus poignante, la scène avec Jackie Kennedy (Jeanne Tripplehorn) est très forte également.

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