Pas si récemment, j'ai vu
The Town, réalisé, écrit et joué par Ben Affleck, étoile (re)nouvellement montante à Hollywood.
Je voulais vous en parler plus tôt mais ma flemme légendaire m'a rattrapée. Je suis tombée sur un numéro de
Première chez moi, de septembre je crois, et j'ai lu une interview de Mr Affleck qui insistait assez lourdement (pardon cher magazine mais c'est plutôt vrai) sur son statut d'ex acteur de seconde zone décrié partout qui avait pris sa revanche sur Hollywood.
Moi j'ai toujours bien aimé Ben Affleck, oh j'ai jamais pensé que c'était le meilleur acteur de la Terre entière, assez loin de là, mais je trouve que
Père et Fille euh ben c'est super mimi et je l'ai trouvé franchement pas mal dans
Hollywoodland (prestation que
Première fait bien de rappeler, *
thumbs up*). Et puis, Jennifer Garner, leurs deux fillettes blondes et lui forment quand même la famille la plus cute-but-cool de Hollywood (ça c'était la minute people).
Bon en même temps je suis la fille qui un jour aura vu tous les films dans lesquels a joué Brad Pitt, qui trouve que Leonardo Dicaprio se fait répétitif mais en attend quand même toujours plus et qui a toujours été en faveur de Colin Farrell même après avoir vu
Alexandre le Grand. Pour le cinéma, j'ai de l'optimisme en réserve. D'ailleurs, la grosse question reste, pourquoi est-ce que je n'ai pas encore vu
Gone Baby Gone ? Je n'ai même pas de fausse excuse à proposer.
Donc pour voir
The Town, j'étais assez bien disposée. Avec le temps, je me rends compte que j'aime vraiment bien les histoires de criminels, plus au cinéma qu'en littérature d'ailleurs.
Le pitch est assez basique (film de braquage) mais avec l'ingrédient qui change tout : la présence féminine. Avec des actrices en passe de devenir vraiment intéressantes : Blake Lively (que forcément j'ai vu dans
Gossip Girl,
big secret hum) et Rebecca Hall (
Le Prestige,
Vicky Cristina Barcelona), actrice discrète que j'espère voir dans de nombreux films à l'avenir. En somme, c'est un bon film que je recommande assez chaudement (
Télérama dit que le réalisateur s'en tient par sécurité à la série B, bah s'ils le veulent, mais de la série B+ alors). Ben Affleck, dans son adaptation du roman de Chuck Hogan, a su faire le bon dosage entre film d'action, policier, et drame intime.
Comment a-t-il fait cela ? Le film repose sur la dualité. Partout il y a des oppositions. Le plus évident pour moi a été entre les deux scènes d'amour, une opposition que je trouve assez courante au cinéma, qui met en lumière les relations différentes qu'entretient le héros (et ici on peut parler de héros puisqu'il s'agit d'un mortel confronté à des problèmes dépassant le cadre de la vie quotidienne dont le destin reposera sur quelques scène d'actions bien faites et un dilemme final) avec chacune des deux femmes. Le parallèle est très clair dans
The Town, Krista (B. Lively) est blonde, vulgaire, issue du même monde que Doug, Claire est brune, a un charme plus discret et représente l'inconnu.
Mais l'opposition se situe aussi à un niveau encore apparent, les braqueurs et le FBI, le quartier de Charlestown et le reste du monde, les scènes d'action (plus réalistes que dans
Salt, ça fait du bien) et les scènes de drame (notamment la confrontation entre Doug et son meilleur ami). On a le personnage un peu tordu de l'agent Adam Frawley (Jon Hamm) face à l'humanité plus simple du criminel Doug MacRay. Et puis à une autre niveau, il y a Doug et James, amis d'enfance aux caractères opposés. James est violent, emporté, prêt à tout pour défendre ceux qu'il aime, surtout sa sœur Krista et Doug. James est de ceux qui savent d'où ils viennent et en sont fiers. Doug, plus posé, moins entier, aspire à autre chose, d'où sa relation (presque) impossible avec Claire.
Et puis dans une autre dimension encore, symbolique, il a paradoxe entre le rayon de soleil et l'idée de mort qui s'associent dans le film (d'autant plus étrange que ce sont les couleurs froides, qui correspondent généralement à la mort, qui dominent le film), entre le bien et le mal : c'est l'argent volé qui permettra finalement de restaurer la patinoire de Charlestown, dans le passé non résolu de la mère de Doug. Et finalement il y a dualité puisqu'il y a dilemme pour le héros , comme dans toutes les bonnes tragédies, et le film est transition entre là d'où il vient et là où il veut aller, entre ce qu'il est et ce qu'il veut devenir, entre une vie compliqué d'enfant de braqueur et une vie presque normale, débarrassée de ce fardeau. Mais parce que la vie n'est jamais si tranchée et que les choses qui semblent opposées s'entremêlent toujours, le film refuse jusqu'au
happy ending, toujours secrètement espéré par le spectateur, ou à la fin tragique, souvent attendue dans les drames.
Bref, je vous conseille vivement ce film plus intelligent que certains ne veulent bien le croire et qui ne dépareille pas dans le paysage cinématographique où les criminels ont la côte.
En prime, 3 posters différents :
Le poster français.
Le poster américain
Un poster international (d'après http://www.heyuguys.co.uk).
Drôle n'est-ce pas comme trois affiches qui utilisent exactement les mêmes codes de couleurs peuvent rendre l'impression de trois films différents ? Si le poster français semble annoncer un drame et joue sur des oppositions (évidence de la dualité féminine par exemple), l'américain axe visiblement sur le côté film de braquage (l'image de film de gangster prend alors deux tiers du support, les personnages se resserrent autour du héros). L'affiche internationale se veut de plus grande envergure d'où un sentiment de quasi apocalypse (les personnages inquiets, le ciel dramatique et une image de type combat ultime). Quel poster vous semble rendre le film le mieux ?